Le père Roy était «obsédé» par le désir de devenir un saint, et il ne voulait même pas envisager la possibilité que les autres ne le deviennent également. Il désirait donner ce goût ou ce désir aux autres, tout spécialement aux pauvres et aux jeunes.
Il avait choisi de travailler avec les jeunes de la classe ouvrière. Ayant appris à les connaître, il savait qu’il était possible de trouver parmi eux des jeunes prêts à se donner sans réserve pour le salut de leurs frères. Il avait découvert chez les jeunes la possibilité de mettre leurs talents au service de leurs frères et sœurs de la classe ouvrière.
Sa façon de les aborder et d’établir un contact avec eux sortait de l’ordinaire; il savait d’un «coup d’œil», découvrir et apprécier la valeur cachée au fond d’une âme, même si la carapace extérieure n’annonçait souvent rien qui vaille. Dès la première rencontre avec lui, on ressentait cette vague impression d’être aussi transparent qu’une vitre fraîchement passée au lave-vitre, tellement il te déroulait le film de ta vie comme s’il t’avait vu naître.
Il savait cependant être si convaincant et emballant que tu sortais de cet entretien «léger comme un oiseau», enrichi d’un amour délirant de Jésus et d’une confiance sans borne en toi-même et envers tout l’univers!
Sans que tu en sois alors conscient, le père Roy venait de te donner une orientation qui marquerait ta vie entière!
Dès la deuxième rencontre, c’était «l’envoi en mission» auprès de tes frères et de tes sœurs dans ton milieu de vie. Il avait décelé en toi des talents que, bien sûr, tu ignorais toi-même et il entendait tout faire pour qu’ils fructifient. C’est ainsi qu’il te confiait des tâches auxquelles tu n’aurais jamais osé penser, mais que lui savait être à ta mesure parce que tu t’en acquitterrais «en équipe» avec Jésus.
Le père Roy, qui avait su nous former à son idéal, exigeait de nous le maximum, et nous le donnions avec joie ce maximum parce qu’il nous faisait entièrement confiance; d’ailleurs, ce qu’il exigeait des autres, il l’avait déjà donné lui-même… et davantage.
Il était innovateur dans bien des domaines et c’est avec raison qu’on a dit de lui qu’il «était 20 ans en avant de son époque»; on aurait pu dire 40, voire 50 ans et c’eut été tout aussi vrai!
Grâce à lui, le Canada a connu l’Action catholique spécialisée et a profité abondamment des retombées apostoliques des Jeunesse Ouvrière Catholique, Jeunesse Agricole Catholique, Jeunesse Étudiante Catholique, Ligue Ouvrière Catholique, etc. Même si la plupart de ces mouvements, autrefois si dynamiques, n’offrent plus de nos jours tout-à-fait la même image, il reste des signes évidents chez ceux qui ont été vraiment engagés à ce niveau. Témoin, ce prêtre rencontré récemment par une ancienne dirigeante jociste et qui avouait à celle-ci: «Quand une action apostolique est posée aujourd’hui, je découvre en arrière un ancien ou une ancienne de l’Action catholique…»
Nous remercions le Seigneur à chaque jour d’avoir placé le père Roy sur notre route; il demeure et demeurera toujours dans nos cœurs:
• un prêtre, vrai prêtre, tout prêtre;
• un fou de Jésus, grand priant, dont l’Eucharistie qu’il célébrait nous transportait au ciel;
• un prêtre dont le premier et constant souci était le salut des âmes afin de «peupler le ciel à craquer»;
• un prêtre heureux, joyeux, même dans les épreuves les plus pénibles, car il n’a pas été épargné par la souffrance, tant physique que morale, qui, du reste, fut souvent la rançon d’un succès;
• un entraîneur, un avant-gardiste, un travailleur acharné et un grand, grand, très grand ami des jeunes, surtout des plus démunis.