Parfum de femmes

Le jour international de la femme tire à sa fin. Un peu partout dans le monde, on a souligné aujourd’hui le précieux apport des femmes dans la société et les luttes encore à livrer pour une pleine reconnaissance de la dignité de leur personne. Et avec raison… car ce n’est pas parce que nous nous trouvons en 2023 que cela est gagné d’avance.

Toute la journée, il m’est remonté au cœur les images de ces braves femmes en Iran qui au cours de la dernière année ont manifesté pendant des jours et des semaines pour un changement social dans leur pays. La mort de Mahsa Amini, 22 ans, trois jours après sa détention par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés » – et les grandes protestations qui ont suivi – a secoué le régime en place. Mais il reste tant à faire…

En Afghanistan, où de nombreux pays se sont engagés pendant des années pour tenter d’établir une véritable démocratie, voilà que les Talibans sont de retour au pouvoir après la sortie des forces étrangères. Hélas, c’est le seul pays au monde où les femmes et les filles n’ont pas accès à l’éducation !

La guerre injuste en Ukraine voit de nombreuses femmes devenir chefs de famille car leur conjoint se trouve au front. Tant bien que mal, elles essaient de maintenir un semblant de normalité pour leurs enfants, vivant sans cesse dans l’angoisse des bombardements et des graves nécessités. Celles qui ont pu trouver refuge à l’extérieur de l’Ukraine manifestent une dose de courage exceptionnel qui doit être souligné.

Sur les plages de la Méditerranée ou aux frontières du Canada et des Etats-Unis, des femmes osent rêver d’un meilleur avenir pour leurs enfants. Hélas, trop souvent, les politiques d’immigration et le refus des plus fortunés de reconnaître le droit inaliénable à la migration font que ces mêmes femmes vivent dans l’insécurité constante. Et que dire de la douleur d’une maman qui pleure son enfant noyé dans un naufrage; la terre de refuge est devenue un vulgaire cimetière.

La violence faite aux femmes – agressions physiques, verbales, psychologiques, sexuelles et virtuelles – continue d’alimenter quotidiennement le fil des nouvelles. Les féminicides, qu’on a longtemps cru un fléau des pays en voie de développement, font maintenant partie d’une problématique sociale qui afflige toute les sociétés. Et le rêve d’un lendemain meilleur se perd dans une angoisse de tous les jours…

En cette journée internationale de la femme, y a-t-il raison de célébrer quand on regarde ces situations – et encore bien d’autres ! – qui menacent toujours la femme ? Chose certaine, la célébration est marquée d’une souffrance… souvent silencieuse, cachée.

Une brèche s’ouvre… une espérance se révèle

Mais en même temps, pensons aujourd’hui à toutes ces héroïnes qui ont ouvert des brèches dans un monde souvent patriarcal, marqué par le déni du rôle des femmes. On pourrait citer des grands noms dans l’histoire, car elles sont légion !

Je rappelle seulement trois figures. Rosa Parks, une jeune femme afroaméricaine, a refusé de céder sa place à un passager blanc dans un autobus aux Etats-Unis en 1955; elle deviendrait une figure emblématique du mouvement des droits civiques dans son pays. Marie Curie, physicienne et chimiste polonaise, a reçu deux prix Nobel pour ses recherches scientifiques; elle est la première femme à recevoir ce prestigieux prix et la seule à le recevoir deux fois ! Kathrine Switzer est célèbre pour avoir été la première femme à courir le marathon de Boston. C’est avec un identifiant qui ne révélait pas son genre qu’elle participe à la course en 1967, cinq ans avant que les femmes y soient autorisées. Certains organisateurs et des compétiteurs ont tenté de la retirer de la course mais, en brisant ce plafond de verre, voilà que Kathrine ouvrait la voie à de nombreuses femmes athlètes.

Ces grandes femmes ont de quoi susciter notre admiration. Mais n’oublions pas toutes ces femmes plus près de nous ! Nos grands-mères, nos mères, nos sœurs, nos filles, nos collègues de travail, nos voisines, nos amies portent en elles des puissances d’audace et de courage, de tendresse et d’amour, de rêves et d’espérance ! Elles nous inspirent, nous consolent, nous poussent à donner le meilleur de nous-mêmes ! Elles sont ces femmes qui croient que l’amour est plus fort que tout et qu’un monde meilleur est à notre portée !

Impossible d’oublier que le « génie féminin » a tant et tant apporté à l’histoire, à l’Église. On peut rappeler Jeanne d’Arc, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila. Et la liste pourrait facilement s’allonger. Elles s’inscrivent dans la suite des pèlerines de la Parole : Ève, Sara, Ruth, Marie, Marthe, Madeleine… Souvent, croyant sans voir, elles ont accepté de tout donner pour que la Vie puisse surgir ! Mais il reste tant à faire dans notre monde et dans notre Église pour que la femme puisse être pleinement reconnue.

Aujourd’hui, nous les célébrons toutes ! Elles s’appellent Evelyn, Mae, Gisèle, Anita, Élise, Justine ou Laurie… Leur vie quotidienne nous font devenir ce que nous sommes appelés à être. Elles se lèvent les Suzanne, les Huguette, les Norma, les Colette et les Pierrette pour croire à un monde meilleur en s’engageant avec les femmes et les hommes pour une société plus juste, plus équitable. Elles sont toujours là ces femmes qui ont inspiré nos vies : une Brigitte, une Hélène, une Linda et combien d’autres encore ! À chacune d’elles et à toutes les autres, merci. Votre parfum de femmes enivre ma vie !

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