Vous serez mes témoins !

Dimanche, le 23 octobre 2022, l’Église célébrera la journée mondiale de missions. À chaque année, cette journée nous est offerte afin que tous les croyants et croyantes puissent renouer avec l’élan missionnaire. « Vous serez mes témoins ! » est le thème proposé pour cette année.

« Vous serez mes témoins ! » Ce n’est pas une proposition, encore moins une demande pour devenir bénévole. C’est un impératif et une promesse! Dans un monde de plus en plus convulsionné, il est urgent que se lèvent des hommes et des femmes pour apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Devant la violence inouïe qui se déchaîne partout, nous voilà appelés à devenir des artisans de paix. Face aux cris de vengeance qui se déploient de tous côtés, le silence du pardon parle plus fort encore. Au cœur des inégalités et de l’injustice criante, la solidarité se manifeste comme la seule réponse possible. Mais tout cela est possible à une seule condition : que des hommes et des femmes prennent leur foi au sérieux et deviennent témoins de la puissance de la Vie en Jésus Christ !

Il y a quelques jours, le corps usé par le passage des années et la mémoire effacée par la démence, un ami mourrait à l’âge de 87 ans. Il s’appelait Marc. Marc était un homme ordinaire ; rien ne l’appelait à être missionnaire à l’étranger. Il était télégraphiste à Québec lorsqu’il fait la rencontre des membres de l’Institut Séculier Pie X au cours d’une retraite spirituelle. Et soudain, sa vie trouva son sens… il télégraphierait désormais la Parole de Dieu en s’engageant à la mission d’évangélisation au cœur du monde ouvrier.

Mais son véritable désir était de partir en mission. En 1968, il s’envola vers la Colombie. D’autres iront le rejoindre pour vivre cette aventure missionnaire. Marc s’engagera auprès des plus démunis, apportant des soins de santé rudimentaires dans des quartiers pauvres de Popayán où tout était à construire. L’usure de la souffrance fait qu’il rentrera au pays en 1982. Mais le 31 mars 1983, un violent tremblement de terre secoue la ville aux allures coloniales ; moins de 24 heures plus tard, Marc s’embarquait pour aller soigner les victimes de sa ville d’adoption. Il rentrera définitivement au pays en 1987.

Lors de ma dernière rencontre avec lui, Marc continuait de me partager ses souvenirs. Les détails se perdant dans les nuages de l’inconscient, il arrivait quand même à se rappeler d’hommes et de femmes qu’ils avaient soignés ainsi que de collaborateurs et collaboratrices à la mission. Il parlait affectueusement de Lady, de María del Socorro, de Cipriano, d’Elvia et de ses enfants… Auprès de chacun d’eux, le témoin continue de donner la vie parce qu’il se souvient et prie pour eux !

« Vous serez mes témoins ! » On peut s’émouvoir du don de vie de Marc envers les plus pauvres et les plus démunis… et avec raison ! Mais pas besoin de partir à l’étranger. La mission se vit ici et maintenant ! La question nous est donc posée : sommes-nous prêts à entreprendre le même don, la même mission ? Laisserons-nous nos cœurs s’émouvoir devant les besoins de nos frères et sœurs ? Nous engagerons-nous coûte que coûte à apporter une espérance à ce monde qui en manque tellement ?

Il y a quelques jours, le monde apprenait avec horreur la mort de une jeune femme en Iran, Mahsa Zhina Amini, âgée d’à peine 22 ans. Son crime ? Choisir d’abandonner le foulard islamique et ne pas respecter le code vestimentaire strict de la république. Cette mort injuste a réveillé tout un peuple. Devant le drame des jeunes femmes en Iran, quel geste puis-je posé pour me solidariser avec ce vent de renouveau porté par le désir de changement de toute la jeunesse ? Oserai-je au moins écrire une lettre de solidarité aux gouvernements pour soutenir ce changement ?

J’ai une bonne amie, Suzanne, qui est débordée au travail. Par des amis, elle a appris ces dernières semaines l’arrivée d’une famille mexicaine, réfugiée et déplacée par la violence. Le père, la mère et les deux enfants sont arrivés à Québec avec une seule valise. C’était tout ce qu’ils ont pu apporter en fuyant leur pays ! N’écoutant que son grand cœur, Suzanne s’est investie pour chercher meubles, nourriture, vêtements sans compter les accompagnements chez le médecin, à l’école et trouver le chemin dans les dédales administratifs. Suzanne est témoin ! Et moi… comment pourrais-je apporter mon grain de sable pour les nouveaux arrivants qui sont de plus en plus nombreux à chercher une terre d’accueil ?

Je pleure en pensant à Aaron et Anzel, âgés de 11 et 13 ans, deux enfants ligotés et tués par leur père à Laval hier. Ce drame familial – un autre et encore un de trop ! – doit nous interpeler. Trop souvent, nous en restons à un vil sentiment d’impuissance devant les situations difficiles que vivent les familles d’aujourd’hui. Dans quelques jours, on aura oublié leurs noms et leur disparition ne sera plus qu’un fait divers.

Et pourtant… Dans l’entourage, comment ne pas penser qu’il y ait sûrement eu des gens qui ont constaté des signes du désarroi qui se tramait ? Je me pose la question : suis-je toujours attentif aux personnes qui m’entourent ? Est-ce que je me fais proche pour être une présence capable de faire la différence dans la vie de ceux qui sombrent dans le désespoir ? Puis-je devenir ce témoin qui fait croire à une vie meilleure ?

« Vous serez mes témoins ! » La mission, c’est tout simple ; c’est s’engager pour construire un monde meilleur ! C’est annoncer aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui – avec des gestes simples et concrets – que Jésus est vivant, que Dieu veut notre bonheur. C’est croire à « un ciel nouveau et une terre nouvelle » où la justice, la paix, la solidarité et l’amour brilleront de tous leurs feux pour une nouvelle espérance. C’est oser le geste et la parole. C’est croire que l’Esprit est encore à l’œuvre. La mission, c’est notre réponse pour un monde différent !

Quel que soit notre nom – qu’on s’appelle Marc ou Suzanne –, voilà que nous sommes tous appelés pour être témoins auprès des Zhina, des Aaron et des Anzel de ce monde afin que ces horreurs ne se reproduisent plus jamais. Nous sommes destinés à être témoins pour que des familles puissent croire encore en un demain rempli de promesses. Nous sommes conviés à être témoins, tout simplement parce que l’Esprit travaille encore dans nos cœurs au jour le jour. Osons l’écouter et répondre à son appel. « Vous serez mes témoins ! »

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