J’ai le cœur triste

J’ai le cœur triste depuis hier après-midi, quand j’ai pris connaissance – encore une fois – d’un massacre par les armes à feu aux Etats-Unis. Cette fois-ci, le bilan parle de 19 enfants d’une école primaire, 2 professeurs et l’auteur de ce massacre. On parle d’enfants, bon Dieu, qui sans doute pensaient déjà aux vacances scolaires prévues dans deux jours!

Et cette violence prend des fois des visages de femmes assassinées, de leaders communautaires menacés et torturés, de victimes de guerres et de conflits… Féminicides, gangs de rue, violence gratuite sont devenus le quotidien qui nourrit nos fils de nouvelles.

J’ai le cœur triste d’apprendre semaine après semaine que des gens – même des croyants et des croyantes – demandent l’euthanasie pour en finir avec la souffrance. La loi de « l’aide médicale à mourir » allait être bien encadrée disaient les promoteurs de la loi… Aujourd’hui, je crois que nous connaissons tous des personnes qui ont eu accès à la mort sans avoir tous les critères prévus par la loi. Pire encore, le gouvernement du Québec veut présenter un nouveau projet de loi permettant d’ouvrir encore plus les critères d’accessibilité à la mort sur demande.

J’ai le cœur triste de savoir que l’avortement coûte la vie à plus de 75000 enfants annuellement au Canada, disponible sans aucune restriction légale tout au long de la grossesse. J’ai le cœur partagé quand j’entends les groupes et les personnes « pro-vie » célébrer leur victoire prochaine à la cour suprême aux Etats-Unis laissant aux différents états le droit de légiférer sur l’accès à l’avortement, mais qui oublient que les « fœtus » grandissent et ont besoin d’être accueillis et accompagnés pour arriver à goûter au véritable bonheur. Des états légiféreront pour limiter ou bannir l’avortement… mais ces mêmes états accorderont-ils aussi les budgets pour l’accompagnement des jeunes femmes aux prises avec une grossesse non-désirée, avec la violence?

J’ai le cœur triste car on vient de m’annoncer il y a quelques minutes qu’un ami, rongé par la tristesse et le découragement, vient de se donner la mort par suicide. Je pense à sa mère, à ses proches, aux gens qui, comme moi, se disent : « Et si je lui avais tendu la main? »

Tout autour de nous, la création nous appelle à voir la vie nouvelle surgir. Les lilas sont fleuris, les arbres s’habillent de leurs plus beaux atouts, les lacs scintillent sous les rayons du soleil… Toute la création semble chanter la vie! Au cœur des grands débats de société qui pèsent lourd, parfois il suffit de revenir à la beauté de la création qui nous entoure pour accueillir à nouveau la parole d’origine : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait; et voici : cela était très bon » (Genèse 1, 31).

Je ne crois pas que cela est chercher une consolation à rabais! Au contraire! C’est un acte de courage et de foi que de croire que le Dieu de la vie a un grand projet d’amour et de bonheur pour chacun de ses enfants. Il a remis entre nos mains la grande responsabilité d’avancer pas à pas par notre vécu quotidien pour construire ce ciel nouveau et cette terre nouvelle.

C’est à chacun de nous, hommes et femmes de bonne volonté – ce qui va au-delà de toute croyance – , de faire notre part pour voir surgir le projet de Dieu. Cela commence par accueillir la réalité qui nous entoure. Voir le monde avec ses beautés et ses laideurs, reconnaître tout simplement que dans chaque personne et chaque événement il y a toujours un élément de la présence divine et que cela est « très bon ».

Ensuite, nous sommes appelés à écouter les cris qui percent le silence égoïste. Parfois ce sera un grand appel au secours, parfois un simple murmure qui pourrait être perdu si on ne prête l’oreille du cœur. Mais ces cris touchent le cœur de Dieu; comme avec Moïse, c’est lui-même qui descend libérer son peuple. Mais il le fait avec nous, avec notre collaboration.

S’impliquer concrètement – par l’agir humain et chrétien – est la réponse devant les besoins du monde. Rien ne sert de se noyer dans ses tristesses. Parfois, un geste, si petit soit-il, peut faire renaître l’espérance dans notre cœur et celui de nos proches. Un simple geste peut entraîner une chaîne d’actions qui pourraient faire surgir la vie!

C’est le pape François qui a des mots impressionnants en terminant son encyclique Laudato Sì : « À la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de l’éternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : “Voici, je fais l’univers nouveau” (Apocalypse 21, 5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés » (Laudato Sì, 243).

Peut-être qu’alors pourrons nous passer du cœur triste au cœur libre et heureux… Voilà mon rêve pour aujourd’hui!

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